Mémoire, justice et miséricorde
- La rédaction
- 8 juil.
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Dernière mise à jour : 9 juil.
On croyait que quelque chose avait vraiment changé !
Que depuis les révélations sur les dizaines et les dizaines de scandales d’abus sexuels ou de violences extrêmes sur les enfants perpétrés dans des établissements d’enseignement catholique un peu partout en France, depuis les travaux de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église et la publication du volumineux rapport qui suivit, l’Église de France avait enfin pris conscience de la gravité du cancer qui la rongeait, et que rien ne serait plus comme avant.
Las ! Un délinquant sexuel vient d'être nommé chancelier du diocèse de Toulouse !
On apprend en effet que le 4 juin dernier, l’archevêque de Toulouse, Guy de Kérimel, a nommé Dominique Spina, condamné pour viol sur un adolescent de 16 ans alors qu’il était aumônier des lycées de Pau par les Assises de cette ville en 2005, au poste de chancelier de la curie, un poste à haute responsabilité dans la hiérarchie du diocèse.

Monseigneur Guy de Kérimel a précisé qu’avec cette nomination, il avait « pris le parti de la miséricorde ». Ajoutant : « Il est vrai que l’abbé Spina a accompli une peine de 5 ans de prison dont un avec sursis pour des faits très graves qui se sont déroulés il y a près de 30 ans. Mais il n’exerce plus de charge pastorale, sinon celle de célébrer l’eucharistie, seul ou exceptionnellement pour des fidèles. Nous n’avons rien à lui reprocher. »
Pour le président de l’association « Parler et revivre », Olivier Savignac, « la nomination de l’abbé Spina est une provocation ! Déjà, après sa condamnation définitive en appel à Tarbes en 2006, et dès sa peine effectuée, il avait été réintégré et officiait seul jusqu’en 2016 comme responsable de l’ensemble paroissial de Fronton, près de Toulouse ! Normalement, lorsqu’un prêtre a commis un ou plusieurs viols sur mineurs, il doit être renvoyé de l’État clérical ! Pourquoi le diocèse de Toulouse n’a pas pris cette décision ? »
Il y a des questions qui sonnent rudement. Mais il faut croire que pour l’évêque de Toulouse, la miséricorde, toujours appliquée par l’Église pour les prêtres agresseurs et jamais pour les victimes, n’est pas un exercice de mémoire...
Pourtant, sur le site internet du diocèse, juste à côté de l’avis de nomination de l’abbé Spina, on peut lire cette intention de prière pour le mois de juillet : « Prions pour que nous apprenions à être toujours plus en mesure de discerner, pour choisir des chemins de vie et rejeter tout ce qui nous éloigne du Christ et de l’Évangile. »
Sur son site, le journal Charlie-Hebdo revient sur cette affaire en publiant l'interview bouleversante de la victime. Lire ici
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