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Parents d'élèves

  • Jean-Michel Mariou
  • 15 juin
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juin



« Il ne s'agit plus d'inventer des histoires. Le plus important, c'est d'observer... »

Joseph Roth, préface de La fuite sans fin 


Normalement, ce journal aurait dû être mis en ligne dimanche dernier, le 15 juin.

Mais débuter un tel journal le jour de la fête des pères, même par hasard, ça ne collait pas : ils ont fait quoi, tous nos pères ou presque, à part assurer la perpétuation d’un modèle familial basé sur la crainte et les obsessions masculinistes ? Sans compter que la plupart continuent, le plus souvent sans s’en rendre compte.

Dans moins d’une semaine, on pourra découvrir en kiosque le premier numéro du journal Le Matin des Corbières. Dans un des articles, François-Xavier, le concepteur graphique de notre journal, révèle qu’il est aussi une des victimes de Bétharram, un de ceux qui a porté plainte contre les curés agresseurs de ce collège catholique des Pyrénées.

Le mois dernier, dans le journal Sud-Ouest, on a pu lire une interview de Pierre Barthélémy, l’ancien président, au moment des faits les plus graves, de l’association des parents d’élèves.

On imaginait cet homme assailli par les remords, se demandant encore comment il avait pu, et pendant si longtemps, ne rien voir, ne rien entendre !

On se trompait. Pierre Barthélémy va très bien, et il a déclaré à nos confrères : « Je conçois que des gens souffrent d’avoir fait leur scolarité à Bétharram, mais est-ce qu’ils ont fait un examen de conscience, et un retour sur le comportement qu’ils ont eu ? ... »

On connait ce renversement des culpabilités, qui a pour but ultime de transformer les victimes en coupables ! Les femmes savent bien ça, que l’on interroge toujours après une agression sur le fait de savoir si elles ne l’ont pas plus ou moins cherché, en s’habillant ainsi, en ayant dit cela… Mais d’un père à propos d’un enfant brisé, souillé, franchement c’est inédit. La fête des pères, à celui-là, on la fêtera (peut-être) une autre fois…


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D’autant qu’il y aurait sûrement beaucoup plus à dire sur ces années 1997-2005 où Pierre Barthélémy, riche homme d’affaire du bordelais, a dirigé cette puissante association.


Le vrai malaise, il faut aller le chercher chez Jean-François Lacoste-Séris, son vice-président d’alors : « Un jour, le père Directeur est venu nous dire qu’un gamin avait fugué, et qu’il s’était suicidé dans la forêt. Ça a duré deux minutes. Le curé nous a dit qu’il allait prendre des mesures, et qu’il ne fallait surtout pas en parler à la presse. On n’a pas posé de question. On baignait dans une certaine naïveté. » (Sud-Ouest, le 11 avril 2025)

Quelques semaines plus tard, lorsque son fils, après avoir passé plusieurs heures de nuit en sous-vêtements sur le perron de l’établissement, est conduit à l’hôpital, Jean-François Lacoste-Séris craque, et dépose plainte. Au sein de l’association des parents d’élèves, on lui reproche d’avoir diffusé l’information en dehors de l’établissement. Il est exclu du bureau de l’association par onze voix contre deux.

Trente ans plus tard, Pierre Barthélémy n’a pas envie de reparler de tout ça. « Ce n’est pas à moi de juger… » Et pour bien montrer qu’il ne croit pas une seconde à ces vérités qui surgissent du passé, ni à la légitimité des actions entreprises par les anciennes victimes, il ajoute : « Moi, je suis un militant de l’école libre. Je me souviens des manifestations de 1984 : les socialistes voulaient nous faire disparaître. Après les manifestations qui les ont fait reculer, une paix scolaire s’était instaurée. On a l’impression qu’à partir des événements de Bétharram, on veut à nouveau flinguer l’enseignement libre… »


Jean-Michel Mariou

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