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Histoire(s) de la laïcité dans l'Aude : 1905

  • La rédaction
  • 17 juin
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 juin

Dans le premier numéro du journal Le Matin des Corbières, Dominique Larroque-Laborde a entamé le grand récit de l’Histoire(s) de la laïcité dans l’Aude.

Ce premier épisode consacré aux grands affrontements idéologiques entre gauche républicaine et droite catholique autour de la promulgation de la Loi de 1905, est illustré de quelques coupures de presse de l’époque.

Elle nous en propose ici d’avantage !

Et d’abord cette histoire incroyable entre une conférencière républicaine et un curé qui la poursuit de ses foudres…

 

 

On dirait une fable : « Aline contre l’abbé Bernis (de Bages) ».

À l’automne de 1905, pendant que se prépare le vote de la loi sur la Séparation des Églises et de l’État, Aline Wirth parcourt l’Aude pour prononcer dans villages et bourgs une conférence « Dieu est-il ? ».

D’après la presse (Dépêche du Midi), elle a des auditoires importants.


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Pour contrer la conférencière, l’abbé Bernis, curé de Bages, la suit et intervient à plusieurs reprises lors de ces rassemblements. À Lagrasse, mais aussi à Montréal, où il est accompagné de cinq autres prêtres.


Bien entendu, comme on peut s’y attendre, la presse conservatrice donne à ces conférences un tout autre écho que la Dépêche…

Mais une autre source va nourrir notre curiosité sur la tournée de conférences de la « citoyenne Wirth ». C’est un procès-verbal, établi par les gendarmes de Montréal, un gros bourg situé à l’ouest de Carcassonne, où l’abbé Bernis, avec le renfort de cinq autres curés, tente d’apporter la contradiction à la courageuse militante laïque.

Voici le récit de la soirée, de la fine plume des représentants de la Maréchaussée…


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PROCÈS-VERBAL

CONSTATANT

Renseignements fournis à M. le préfet de l’Aude à Carcassonne au sujet d’une réunion tenue sur la voie publique par l’abbé Berniès, curé de Bages (Aude)

Cejourd’hui seize novembre 1905, à huit heures du matin, nous soussignés, Serre Jean et Labante François, gendarmes à cheval à la résidence de Montréal, département de l’Aude, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, certifions qu’hier à neuf heures du soir, mademoiselle Aline Wirth a tenu une conférence publique et contradictoire dans une salle du 1er étage du café Michaud, environ 300 personnes y assistaient, mais en raison de l’exiguïté du local, l’entrée a dû être refusée à plusieurs personnes parmi lesquelles se trouvait l’abbé Berniès, curé de Bages (Aude) (accompagné de 5 autres prêtres) qui devait aller contredire la conférencière. N’ayant pu pénétrer dans la salle de conférence, ce prêtre est alors monté sur une fenêtre de la maison Ribes, située en face du café Michaud, et de là il a harangué la foule qui stationnait dans la rue. Le public faisait des ovations à l’orateur et par ses chats et ses cris troublait la tranquillité publique.

Nous trouvant dans l’impossibilité de faire cesser ce tapage, nous avons prévenu M. le maire de Montréal qui était présent sur les lieux, ce magistrat ayant résolu dans l’intérêt de la tranquillité publique, de dissoudre la conférence et la réunion devant le café Michaud, nous a remis une réquisition à l’effet de lui prêter main-forte pour procéder à la dissolution de ces assemblées. Cette opération a été effectuée sans qu’il y ait de résistance, ni de la part du public, ni de la part des orateurs. La foule s’est retirée et quelques instants après le calme régnait dans la rue. Un procès-verbal a été dressé contre l’abbé Berniès pour infraction à la loi du 30 juin 1881.

En foi de quoi nous avons établi le présent procès-verbal en deux expéditions, la 1ère à Monsieur le préfet de l’Aude à Carcassonne, et la 2e au Commandant de la gendarmerie de l’arrondissement, conformément à l’article 298 du décret du 20 mai 1903.

Fait et clos à Montréal, les jour mois et an que dessus.

 

 

(à suivre…)

Dominique Larroque

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